samedi 28 mars 2009

Santé et ondes électromagnétiques


Vendredi 23 mars à Paris, quatre professeurs chercheurs sur les ondes électromagnétiques d'origine suédoise, française, allemande ont lancé un appel solennel pour mettre en garde les pouvoirs publics contre l'utilisation sans limitation des technologies sans fil.
Extrait :
"Malgré des connaissances scientifiques encore insuffisantes et même l’existence de controverses sur certains points, la communauté scientifique internationale est unanime pour reconnaître la possibilité d’un risque de santé publique présumé grave, requérant d’urgence l’application du principe de précaution. Faire le jeu de certains lobbies et brader l’existence même des problèmes de santé et d’environnement au nom d’intérêts économiques et financiers à court terme ne pourrait être que nuisible à l’ensemble de nos concitoyens."

jeudi 26 mars 2009

L'eau : première cause de mortalité dans le monde


"Les chiffres sont connus, environ 900 millions à un milliard de personnes n'ont pas accès à l'eau potable et 2,5 milliards à l'assainissement. Les maladies hydriques (notamment le choléra, les dysenteries, mais aussi le paludisme), entraînent 8 millions de morts par an, soit 15 personnes par minute, un tiers sont des enfants et principalement des enfants de moins de 5 ans. 6.000 enfants par jour meurent faute d'accès à l'eau et à l'assainissement nous apprennent les médias (pour placer les idées, en 2007 le SIDA a tué 2 millions de personnes, le paludisme lui tourne entre 2,5 et 3 millions de morts dont 1 million d'enfants. Ca fait quand même beaucoup de morts, dont une grande majorité dans les pays du Sud."
Le 5ème forum mondial de l'eau vient de se terminer à Istanbul et son bilan est bien décevant : le droit d'accès à l'eau potable, demandé par plusieurs ONG et quelques pays dont la France, ne figure pas dans le rapport. Est stipulée une "nécessité d'améliorer l'accès à l'eau et à l'assainissement à travers le monde" mais les contraintes nécessaires ne sont pas posées.
Depuis des années, nous savons que le problème de l'eau potable est grandissant et, qu'en plus des morts causées jusque-là, il pourra bientôt être la raison de conflits. Pourquoi la mobilisation politique est-elle aussi faible ?

dimanche 22 mars 2009

Nos enfants nous accuseront

Samedi soir, au cinéma d'Aubusson, la salle était complète pour la soirée débat "Nos enfants nous accuseront". Ce film montre les dégats affligeant de l'usage des pesticides dans l'agriculture, la viticulture sur notre santé (avec une grande place donnée aux conséquences sur la santé des enfants) mais aussi sur l'écosystème. L'exemplarité de la commune de Barjac dans les Cevennes qui a choisi de mettre la cuisine centrale totalement au bio et où un travail est mené avec les enfants sur le jardinage biologique mérite d'etre largement suivie.
Des personnes présentes nous ont annoncé qu'une cinquantaine d'établissements scolaires proposent des repas bio (pas 100% des repas) en Limousin et que la Creuse est très largement en retard ! L'association "Manger bio en Limousin" peut aider les collectivités qui souhaitent passer au bio. (contact) 
Au cours du débat, qui a suivi, plusieurs points sur la législation ont été soulevés :
- reconnaitre des traitements alternatifs tel le purin d'ortie plutôt que de les interdire !
- diffuser des semences anciennes plutôt que de condamner des associations qui les vendent !
- avoir des exigences élevées sur le label bio et autres labels portant sur les produits autres qu'alimentaires plutot que de tolérer des pourcentages, des traces de produits non sains !
- étiqueter correctement les produits toxiques tel le round-up plutôt que diffuser des pubs mensongères (Le round-up est biodégardable !!!!),
- attibuer les subventions de la PAC à l'agriculture biologique plutôt qu'à l'agriculture polluante,
- revenir à des savoirs-faire tant en agriculture qu'en cuisine plutot que de bombarder de produits chimiques ou d'ouvrir des boites, 
- manger local et de saison plutôt que de manger des fraises espagnoles toute l'année...

Nous pouvons tous agir pour faire évoluer la situation : 
- dans notre consommation : acheter un produit c'est voter pour lui (Quand on pense qu'il suffirait que les gens arrêtent de les acheter pour que ça ne se vende plus ! Coluche),
- dans notre travail,
- dans nos relations,
- dans l'isoloir !!


samedi 21 mars 2009

Forum Colères Solidaires



Le collectif Colères Solidaires, créé à Aubusson en février suite à des suppressions de postes dans le secteur public, réunit des citoyens sans clivages politique ou syndical qui veulent défendre la possibilité de vivre en Creuse et désirent faire comprendre à la population que nous sommes tous liés quelque soit notre métier.
Le collectif n'a actuellement plus d'actualité mais souhaite que la réflexion continue, que toutes les personnes intéressées puissent échanger, pour cela un forum vient d'etre créé : Forum Colères Solidaires.
Pour participer, inscrivez-vous, vous pourrez lire les messages, créer des topics ou ajouter des messages aux topics existants.

mercredi 18 mars 2009

Si vous hésitiez encore à aller manifester...


"834 millionnaires ont reçu un chèque moyen de 368.261 euros du fisc" en 2008, l’équivalent de 30 années de Smic en moyenne.

Le coût total du bouclier fiscal "a doublé entre le bouclier 2007 et le bouclier 2008" mais pas le nombre de bénéficiaires : en 2007, 13.700 contribuables ont bénéficié de 229,1 millions et en 2008 ce sont 13.998 contribuables qui ont bénéficié de 458,3 millions d’euros.

Source : Libération. Lire l'article en entier.

"Mais jusqu'où s'arreteront-ils ?!" (Coluche)

A lire sur le site d'"Alternatives Economiques" :Et si on prend en compte toutes les mesures mises en oeuvre depuis neuf ans pour alléger la fiscalité des plus riches, le montant perdu chaque année par les finances publiques s'élève à 30 milliards d'euros.

En attendant le G20


Dans son bulletin n°33, le GEAB* expose les deux décisions qui peuvent etre prises au sommet du G20 du 2 avril prochain à Londres : soit "reconstruire un nouveau système monétaire international qui permette un nouveau jeu global intégrant équitablement tous les principaux acteurs mondiaux et réduire la crise à une durée de trois à cinq ans" ; soit "tenter de faire durer le système actuel et plonger le monde dès la fin 2009 dans une crise tragique de plus d'une décennie."
Le bulletin dénonce la soi-disante « bombe bancaire est-européenne » relayée par les médias qui ne serait en fait qu'une stratégie de déstabilisation du bloc euro par Wall Street et la City afin d'affaiblir la position européenne quelques semaines avant le G20, le GEAB ne sous estime pas les problèmes liés à l'immobilier en Europe de l'Est mais nie les effets devastateurs promis dernièrement pour la zone euro.

*GEAB=Global Europe Anticipation Bulletin

Manifs "Stop G20" :
Clermont Ferrand, ATTAC63 prévoit pour la nuit du 31 mars et la matinée du 1er avril une invasion de poissons d'avril de toutes tailles sur Clermont Ferrand, accrochés aux feux et scotchés un peu partout dans la ville.  C'est rapide à organiser, facile à faire, même en étant peu nombreux… 
Limoges, rendez vous samedi 28 mars à 14h place de la Motte. "Nous ne paierons pas pour leurs crises."

lundi 16 mars 2009

Au sujet de la crise...

Extrait de l'article Embarquement planétaire dans le bateau ivre de la crise systémique :
"Plutôt que réinjecter sans condition des milliards d'euros dans un système vicié, il s'agit de financer des biens et des services qui fassent sens par rapport à la production d'un système échelonné sur les besoins vitaux : respirer, se nourrir sans s'empoisonner, produire des aliments sans saccager, circuler sans polluer, se loger et se chauffer à un prix raisonnable dans des logements à basse consommation, accéder à la culture et à l'éducation, se former, ménager les ressources naturelles, produire une électricité sans conséquences périlleuses pour les générations futures..."

Citation de Thomas Jefferson (3ème président des Etats-Unis) en 1802 :
"Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat. Si le peuple américain permet un jour que des banques privées contrôlent leur monnaie, les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toutes possession, d'abord par l'inflation, ensuite par la récession, jusqu'au jour où leurs enfants se réveilleront sans maison et sans toit sur la terre que leurs parents ont conquis" 

mardi 10 mars 2009

La décroissance


« Celui qui croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste » Kenneth Boulding (économiste écologique américain, dans les années 1980)

J'ai bien peur que les fous et les économistes aient soit envahi la planète soit convaincu beaucoup trop de monde. Pendant des décennies la croissance semble s'être répandue telle un dogme, une religion... La croissance devait etre la condition indispensable au développement d'un pays et donc au bon niveau de vie de ses habitants mais signifie-t-elle que ces habitants soient heureux ? A mon sens non.

Aujourd'hui l'idée d'une remise en cause de la croissance semble faire son chemin à en croire les articles et émissions traitant du sujet (même si la déroisssance est prônée depuis des années : Nicholas Georgescu-Roegen). Attention, il ne faut pas confondre la récession subie actuellement avec une décroissance choisie et pensée. Les gouvernants associent la croissance à l'emploi et la décroissance au chômage mais ceci n'est vrai que parce qu'ils subissent la récession, une décroissance choisie ne signifie pas chomage.  

Pour en savoir plus, vous pouvez écouter Yves Cochet sur France Inter  invité du 7/10 du mardi 10 mars (intervention judicieuse d'un creusois) avec Jean-Hervé Lorenzi dans le rôle de l'apôtre moderne de la croissance. Pour ce qui concerne le G20 je vous renvoie à mon article "Anticipation de la crise économique".

Serge Mongeau (médecin, écrivain, éditeur et père de la simplicité volontaire au Québec, auteur du livre "La simplicité volontaire, plus que jamais") a écrit : "Prendre le temps de vivre, c'est prendre le temps de penser, c'est arrêter le temps, c'est jouir du moment présent. Quand on vit en courant, dans le stress, on ne voit pas passer le temps, on se laisse ballotter, entraîner par les circonstances et par la volonté des autres. Retrouver du temps, c'est reprendre le contrôle de sa vie, ce qui permet de se libérer véritablement, d'aller au delà de l'information superficielle, en dehors des courants s'il le faut. Modeler sa vie, la vivre comme on veut. S'engager aussi. Car ma conviction profonde est que lorsqu'on réfléchit, qu'on s'informe et qu'on s'ouvre les yeux, on ne peut accepter ce qui se passe dans le monde et on essaie de changer ce monde. La simplicité volontaire nous donne un levier pour ce faire ; dans notre monde fondé sur la consommation, c'est un refus de la consommation aveugle, c'est le cheminement vers une consommation éclairée, responsable, sociale, c'est un refus du système capitaliste qui est en train de ravager la planète". Lire ce texte en entier.

Suite à un commentare de Michel Dias j'ajoute un lien vers une vidéo de Serge Latouche. Consommons moins de biens matériels et relocalisons l'économie.

vendredi 6 mars 2009

Réduire, reduce, reducir, ridurre, verminderen, zu reduzieren, να μειώστε


Et non il ne se produit aucun miracle lorsque vous mettez dans votre poubelle vos déchets : ils ne disparaissent pas par magie, ils ne désintègrent pas non plus ! Cela vaut aussi lorsque vous tirez la chasse d'eau !
En France, environ 80% des déchets sont incinérés ou stockés en décharge. Ces deux traitements posent des problèmes : pollution de l'air par les fumées et gaz émis, pollution de l'eau et de l'air par les effluents et "jus" rejetés, problèmes de santé pour les riverains. Les incinérateurs des années 70-80 sont mis en cause dans certains cancers. On peut ajouter à cela l'augmentation du trou dans la couche d'ozone causé par l'incinération du plastique et des scandales alimentaires comme pour la mozzarella de Parme.
Le reste des déchets français est valorisé : recyclage ou compostage.
Bien sur qu'il faut trier nos déchets pour les recycler et préférer les emballages recyclables aux autres mais cela ne suffit pas : il faut surtout les REDUIRE ! C'est un acte écocitoyen du quotidien : ne pas acheter de produits suremballés, ne pas acheter de produits inutiles, réparer, échanger, donner, offrir des cadeaux immatériels...
Il faut également rendre à la Terre ce qu'on lui prend : composter les déchets biodégradables, cela fournit un très bon engrais vert pour le jardin. Ne dites je ne peux pas car j'habite en appartement car vous pouvez acquérir un lombricomposteur (ici par exemple)  ou vous en fabriquer un (ici). Vous trouverez les renseignements nécessaires dans ce guide pratique. Ne faites pas beurk non plus car c'est garanti sans odeur et les lombrics ne mordent pas !
Comme déjà dit, cela vaut aussi pour les toilettes avec l'installation de toilettes sèches garanties sans odeur également (renseignements), bon engrais vert pour vos fleurs et fruitiers ! 
Pendant ce temps, bien des choses n'oublient pas de réduire (merci homo sapiens) : les glaciers, les terres cultivables, les forêts vierges, les eaux non polluées, l'agriculture sans substances toxiques ou modifiées, la biodiversité, les spermatozoïdes et bientôt l'espèrance de vie d'homo sapiens, la quantité d'homo sapiens... 

mercredi 4 mars 2009

Guide de produits cosmétiques


100 000 substances chimiques inductrielles sont en libre circulation en Europe, les produits cosmétiques et les parfums en contiennent, c’est le cas des "phtalates", des "muscs synthétiques", des "alkylphénols", des "parabens". La plupart de ces substances sont commercialisées grâce à des réglementations européennes très permissives qui ne garantissent pas qu'elles n'ont pas d'impact sur notre santé et sur l'environnement, surtout à long terme, de par leur caractère persistant et bioaccumulable.
On retrouve en moyenne 200 de ces substances dans notre corps, celles-ci sont soupconnées d'avoir des effets sanitaires graves : cancers des testicules, des ovaires ou du sein, perte de fertilité et chute du nombre de spermatozoïdes viables, anomalies de croissance et du développement, système immunitaire endommagé.  
Vous pouvez trouver un guide des produits cosmétiques n'utilisant pas de substances toxiques ciblées (listées en page 12) ici.

mardi 3 mars 2009

Droit de ne pas cultiver d'OGM


Hier, la Commission européenne aurait pu imposer à l'Autriche et à la Hongrie de lever leur interdiction de culture du maïs MON 810 génétiquement modifié de la firme Monsanto .
Sur les 27 pays membres, 4 ont voté pour la levée des clauses de sauvegarde : le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Finlande et la Suède. Les 23 autres pays membres ont voté contre et ont ainsi désavoué la Commission qui estime que les OGM n'ont aucune incidence sur la santé humaine (se sont-ils posé la question pour l'environnement ?!) et souhaitait forcer les pays à en cultiver (on se demande bien qu'elle est l'influence de Monsanto auprès de notre chère Commission !).
Les mêmes interdictions de culture de maïs OGM en Grèce et en France vont être soumises dans les semaines à venir au vote de cette Commission. Espèrons que le résultat sera le même.
Greenpeace se félicite de ce vote qu'elle qualifie de "victoire pour l'environnement, les agriculteurs et les consommateurs, et d'échec cuisant pour la Commission".
Pour autant le combat contre les OGM continue, il ne faut pas seulement interdire la culture mais aussi l'importation. 
A voir, si ce n'est pas déjà fait, le très bon documentaire "Le monde selon Monsanto" de M-M. Robin (site).
Signez la pétition pour soutenir l'interdiction du maïs MON810 en France et en Grèce ici

dimanche 1 mars 2009

Instit remplaçant non qualifié


Nous y sommes aussi : à l'heure où les instits peuvent être remplacés par des personnes recrutées pour un CDD de quelques semaines ou de quelques mois par l'ANPE à condition d'avoir un niveau d'études suffisant mais sans aucune formation. A croire que notre métier n'est pas compliqué si l'on peut s'improviser ainsi instit... A croire que l'éducation de nos enfants n'est pas importante pour le pays...

Anticipation de la crise économique

De formation scientifique, je n'ai pas beaucoup de connaissances en économie, cependant j'ai lu cet article et il me semble intéressant, il dit clairement que cette crise n'est pas une simple crise comme les crises précédentes mais bien une remise en cause du système et que les tentatives de remédiation apportées jusque là ne vont pas dans le bon sens.

En voici un extrait : 
"Mais notre équipe estime dorénavant que l'incapacité des dirigeants mondiaux à prendre la mesure de la crise, caractérisée notamment par leur acharnement depuis plus d'un an à en traiter les conséquences au lieu de s'attaquer radicalement à ses causes, va faire entrer la crise systémique globale dans une cinquième phase à partir du 4° trimestre 2009 : la phase dite de dislocation géopolitique mondiale."
Au-delà de ces conflits armés, le LEAP alerte sur les risques de pénuries possibles d'énergie, de nourriture, d'eau, dans les régions dépendantes de l'extérieur pour leur approvisionnement et conseille de faire des réserves. Cette perspective apocalyptique pourrait faire sourire si ce groupe de réflexion n'avait, dès février 2006, prédit avec une exactitude troublante le déclenchement et l'enchaînement de la crise.

Lisez l'article en entier ici et un commentaire dans Le Monde ici.

Manifeste antillais

Neuf intellectuels antillais ont publié un « Manifeste pour les “produits” de haute nécessité ».
Extraits :
"Dès lors, derrière le prosaïque du « pouvoir d’achat » ou du « panier de la ménagère », se profile
l’essentiel qui nous manque et qui donne du sens à l’existence, à savoir : le poétique. Toute vie humaine
un peu équilibrée s’articule entre, d’un côté, les nécessités immédiates du boire-survivre-manger (en
clair : le prosaïque) ; et, de l’autre, l’aspiration à un épanouissement de soi, là où la nourriture est de
dignité, d’honneur, de musique, de chants, de sports, de danses, de lectures, de philosophie, de
spiritualité, d’amour, de temps libre affecté à l’accomplissement du grand désir intime (en clair : le
poétique)."
"On peut mettre la grande distribution à genoux en mangeant sain et autrement.
On peut renvoyer la Sara et les compagnies pétrolières aux oubliettes, en rompant avec le tout
automobile.
On peut endiguer les agences de l’eau, leurs prix exorbitants, en considérant la moindre goutte sans
attendre comme une denrée précieuse, à protéger partout, à utiliser comme on le ferait des dernières
chiquetailles d’un trésor qui appartient à tous."
Lisez le manifeste en entier ici.

Nous y sommes (Fred Vargas)

Nous y voilà, nous y sommes. 
Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l'incurie de l'humanité, nous y sommes. Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l'homme sait le faire  avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu'elle lui fait mal. Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d'insouciance.  Nous avons chanté, dansé.  Quand je dis « nous », entendons un quart de l'humanité tandis que le  reste était à la peine.  Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à  l'eau, nos fumées dans l'air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé  les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des  tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu'on s'est bien amusés. 
On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l'atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu. 
Franchement on s'est marrés. 
Franchement on a bien profité. 
Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu'il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre. 
Certes. 
Mais nous y sommes. 
la Troisième Révolution. 
Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu'on ne l'a pas choisie. 
« On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins. 
Oui. 
On n'a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis. C'est la mère Nature qui l'a décidé, après nous avoir aimablement laissés jouer avec elle depuis des décennies. La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets. 
De pétrole, de gaz, d'uranium, d'air, d'eau. 
Son ultimatum est clair et sans pitié : 
Sauvez-moi, ou crevez avec moi (à l'exception des fourmis et des araignées qui  nous survivront, car très résistantes, et d'ailleurs peu portées sur la danse).  Sauvez-moi, ou crevez avec moi. 
Evidemment, dit comme ça, on comprend qu'on n'a pas le choix, on s'exécute illico et, même, si on a le temps, on s'excuse, affolés et honteux. 
D'aucuns, un brin rêveurs, tentent d'obtenir un délai, de s'amuser encore avec  la croissance.  Peine perdue.  Il y a du boulot, plus que l'humanité n'en eut jamais.  Nettoyer le ciel, laver l'eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l'avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, ˆ attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille ˆ récupérer le crottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n'en a plus, on a tout pris dans les mines, on s'est quand même bien marrés). 
S'efforcer. Réfléchir, même. 
Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire. 
Avec le voisin, avec l'Europe, avec le monde. 
Colossal programme que celui de la Troisième Révolution. 
Pas d'échappatoire, allons-y. 
Encore qu'il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l'ont fait  le savent, est une activité foncièrement satisfaisante. 
Qui n'empêche en rien de danser le soir venu, ce n'est pas incompatible. 
A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie ˆune autre des grandes spécialités de l'homme, sa plus aboutie peut être. 
A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution. 
A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore. 
Fred Vargas 
Archéologue et écrivain