mardi 10 mars 2009

La décroissance


« Celui qui croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste » Kenneth Boulding (économiste écologique américain, dans les années 1980)

J'ai bien peur que les fous et les économistes aient soit envahi la planète soit convaincu beaucoup trop de monde. Pendant des décennies la croissance semble s'être répandue telle un dogme, une religion... La croissance devait etre la condition indispensable au développement d'un pays et donc au bon niveau de vie de ses habitants mais signifie-t-elle que ces habitants soient heureux ? A mon sens non.

Aujourd'hui l'idée d'une remise en cause de la croissance semble faire son chemin à en croire les articles et émissions traitant du sujet (même si la déroisssance est prônée depuis des années : Nicholas Georgescu-Roegen). Attention, il ne faut pas confondre la récession subie actuellement avec une décroissance choisie et pensée. Les gouvernants associent la croissance à l'emploi et la décroissance au chômage mais ceci n'est vrai que parce qu'ils subissent la récession, une décroissance choisie ne signifie pas chomage.  

Pour en savoir plus, vous pouvez écouter Yves Cochet sur France Inter  invité du 7/10 du mardi 10 mars (intervention judicieuse d'un creusois) avec Jean-Hervé Lorenzi dans le rôle de l'apôtre moderne de la croissance. Pour ce qui concerne le G20 je vous renvoie à mon article "Anticipation de la crise économique".

Serge Mongeau (médecin, écrivain, éditeur et père de la simplicité volontaire au Québec, auteur du livre "La simplicité volontaire, plus que jamais") a écrit : "Prendre le temps de vivre, c'est prendre le temps de penser, c'est arrêter le temps, c'est jouir du moment présent. Quand on vit en courant, dans le stress, on ne voit pas passer le temps, on se laisse ballotter, entraîner par les circonstances et par la volonté des autres. Retrouver du temps, c'est reprendre le contrôle de sa vie, ce qui permet de se libérer véritablement, d'aller au delà de l'information superficielle, en dehors des courants s'il le faut. Modeler sa vie, la vivre comme on veut. S'engager aussi. Car ma conviction profonde est que lorsqu'on réfléchit, qu'on s'informe et qu'on s'ouvre les yeux, on ne peut accepter ce qui se passe dans le monde et on essaie de changer ce monde. La simplicité volontaire nous donne un levier pour ce faire ; dans notre monde fondé sur la consommation, c'est un refus de la consommation aveugle, c'est le cheminement vers une consommation éclairée, responsable, sociale, c'est un refus du système capitaliste qui est en train de ravager la planète". Lire ce texte en entier.

Suite à un commentare de Michel Dias j'ajoute un lien vers une vidéo de Serge Latouche. Consommons moins de biens matériels et relocalisons l'économie.

3 commentaires:

  1. La décroissance…

    Beaucoup de Tartuffes, de zélateurs imprudents autour de ce mot. Beaucoup de postures, de pharisaïsme, de prétentions de dicter à l’humanité les règles du bonheur… L’idée de décroissance ne cesse de prêter le flan aux caricatures faciles de ses détracteurs qui la font passer pour une vision régressive de l’avenir.
    C’est pourtant la proposition la plus puissante du moment, la plus créatrice, la seule à ce jour qui soit susceptible d’articuler l’espérance d’un « autre monde possible » à un projet économique et politique. Car les perspectives de justice, de liberté, de dignité humaine et de bien vivre sont radicalement incompatibles avec la notion de croissance économique.

    Le vocable de « décroissance » fait cependant problème. En raison de sa signification exclusivement négative, disent certains. Mais surtout parce qu’il ne semble proposer qu’une inversion des mécanismes aliénants de la croissance ; or un mécanisme inversé c’est encore un mécanisme et nous savons que, ce dont l’humanité souffre fondamentalement aujourd’hui, c’est d’avoir soumis tous les compartiments de la vie des hommes aux déterminismes de processus mécaniques. Processus économiques et financiers, bien sûr, mais pas uniquement : il n’est pas une seconde de nos existences que les enjeux de la croissance ne soumettent à une exigence absolue de fonctionnalité substituant à la saine imprévisibilité des rapports humains la rassurante nécessité du mécanisme. La critique de la croissance doit avoir à son ordre du jour la reconquête de l’humanité et de la liberté, c’est-à-dire la lutte contre la mécanisation des rapports humains sous le règne totalitaire de l’ultra-efficacité.
    Je préfère donc au mot « décroissance » le concept d’acroissance nouvellement suggéré par Serge Latouche (http://acroissance.skyrock.com/2165816431-Serge-Latouche.html). J’apprécie la connotation volontairement non programmatique de ce néologisme. Il signifie que les hommes doivent devenir les agents du monde humain à la place des processus qu’ils ont créé ; ce qui revient à retrouver le sens de la politique comme délibération en vue « bien vivre ».

    D’autre part la « simplicité volontaire » n’est un slogan valable que s’il n’entreprend pas d’abolir le désir. La frugalité ne peut être heureuse - comme le voudraient les penseurs de l’acroissance - que si elle sait donner droit, néanmoins, à la faculté désirante comme puissance de transcendance et de création du nouveau. A cet égard, je me méfie de la proposition, souvent prônée par les décroissantistes, de rabattre le désir sur le besoin, à la manière des épicuriens. Le désir est un fait de culture : les autres animaux que l’homme ont des besoins - et des instincts au service de ces besoins - ils n’ont pas de désirs.
    Le désir est, par essence, ordonné à l’absolu. Mais le dogme de la croissance a su donner le change au désir d’absolu en lui proposant l’ersatz de l’infini. C’est ainsi que la société de croissance a habilement mis le grappin sur la faculté désirante, qu’elle en a fait l’otage de ses projets, qu’elle l’a détournée, mise aux pas, normalisée, uniformisée, appauvrie, humiliée en l’assujettissant la productivité et en lui jetant en pâture les biens de consommation. C’est pourquoi une société d’acroissance ne saurait mettre en cause la faculté désirante, ce serait jeter le bébé avec l’eau du bain, elle doit avoir pour objet de libérer le désir humain, de lui redonner sa puissance subversive et sa vertu créatrice pour qu’il retrouve sa destination essentielle : inventer l’humanité en l’homme.

    Bon courage pour la tenue de votre blog.

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  2. Merci pour ce commentaire très intéressant, je vais me renseigner sur le concept d'accroissance. De formation scientifique, je manque de bases en économie pour comprendre aisément tout cela mais je penche sur le sujet, il me semble important d'avoir cette réflexion, connaisseurs en économie ou non, c'est l'affaire de tous.

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  3. Je viens de visionner la video de Serge Latouche sur http://acroissance.skyrock.com/ Même sans formation en économie les bases sont accessibles à tous : la croissance infinie dans un monde fini est impossible, le PIB n'est pas un indice de bonheur, il faut consommer moins de biens matériels et relocaliser l'économie.

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